L’être humain a besoin de classer chaque être vivant ou objet dans une catégorie. Ce processus cognitif nous permet de mieux percevoir et comprendre le monde qui nous entoure. D’ailleurs, dans tous les domaines on retrouve une classification, qu’il s’agisse d’une table d’éléments chimiques, de mouvements philosophiques ou musicaux, de courants artistiques ou de races de chiens !
Catégoriser : entrer dans une case à tout prix ?
Pourtant ces mêmes classifications nous posent parfois problème car elles sont trop figées. Lorsque l’on met quelque chose dans une case, on a énormément de mal à l’en sortir pour le mettre dans une autre, d’autant plus si aucune autre case ne semble correspondre ! Nombre de théories scientifiques fonctionnaient très bien jusqu’à ce qu’une nouvelle donnée apparaisse et remette en cause ce qui semblait si certain.
Notre façon de voir notre chien est parfois simplement le reflet d’une étiquette qu’on lui a donnée à un moment précis. Or, chaque être vivant agit différemment selon le contexte, l’environnement, son état physiologique, etc.
Vous pensez que votre chien est têtu ou idiot. Pourtant il est prêt à vous obéir une fois que vous parvenez à vous faire comprendre et que vous lui donnez envie de travailler avec vous. Mais si vous restez avec l’idée que votre chien est idiot, vous ne chercherez jamais à obtenir quelque chose de lui. Votre relation restera figée.
Tenter de sortir son chien de la catégorie où on l’a placé n’est pas toujours aisé. Pourtant, vous vous rappelez sûrement un moment où la réaction de votre chien vous a surpris car il n’a pas agi comme il aurait dû le faire. Il était sorti de sa case. C’est peut-être tout simplement que son étiquette n’était pas la bonne… ou qu’il aurait mieux valu ne pas lui en attribuer une ! Le chien « gentil avec tout le monde » qui pince un visiteur, le chien «asocial» qui joue avec un congénère, on en a tous connus, mais parfois on « oublie » cet événement qui nous force à revoir notre copie.
Vous savez bien que votre chien n’est pas têtu en toute circonstance, ce n’est donc pas une catégorie qui lui convient. Par contre, il peut ne pas obéir à tel ordre ou dans tel contexte car il n’a pas compris (voir apprentissage-et-contexte), qu’il n’est pas suffisamment motivé, parce que quelque chose lui fait peur (tentez donc de faire coucher votre chien à côté d’un autre chien qui le met mal à l’aise!) ou pour toute autre raison à découvrir.
Effet Pygmalion
S’il est difficile d’aller à l’encontre de notre besoin de catégoriser, il est bon de savoir que le fait de changer votre opinion sur votre chien influence son comportement !
Robert Rosenthal, un psychologue américain, a fait une expérience surprenante. Il confia cinq rats à chacun des douze étudiants de son étude. Il répartit ensuite les étudiants en deux groupes. Au premier groupe, il indiqua que les rats qu’il leur confiait avaient été sélectionnés pour leur intelligence à trouver leur chemin dans un labyrinthe. Au deuxième groupe d’étudiants, il affirma que les rats qu’il leur remettait avaient peu de chance, du fait de leur génétique, de réussir à trouver leur chemin dans un labyrinthe.
Étonnamment, ce sont les rats qui étaient prétendument plus intelligents qui ont eu de bien meilleurs résultats que les autres. Il s’est avéré que les étudiants qui pensaient avoir les rats les plus intelligents étaient plus bienveillants avec eux, plus enthousiastes et les décrivaient dans des termes plus élogieux que les étudiants du deuxième groupe.
On pourrait résumer très succinctement ce phénomène par le schéma suivant :
Alors n’hésitez pas à penser le plus grand bien de votre chien et à croire en ses compétences, il vous le rendra bien !
Quitte à choisir une catégorie pour votre chien, choisissez-en une bonne !