Le DogEvent 2015, ce fut quatre jours exceptionnels en compagnie de Susan Friedman, Ken Ramirez et Kathy Sdao. Une très belle affiche pour cette première édition très réussie, placée sous le signe de l’empowerment. Désormais on cherche à donner plus de pouvoir, plus de choix à nos compagnons afin qu’ils puissent agir au mieux sur leur environnement. On ne parle plus de dominance et de hiérarchie mais de coopération et de dialogue.
Voici quelques grandes lignes des interventions des trois orateurs.
Susan Friedman
Susan Friedman, experte en comportement animal, a partagé une approche scientifique indispensable, et rappelé quelques principes importants :
- Décrire les comportements observables, pas les constructions de l’esprit. Il s’agit d’enlever les étiquettes que l’on donne à nos chiens. Dire que mon chien est « dominant », « gentil » ou « têtu » ne me donne pas d’indication précise sur son comportement. Il faut regarder ce que fait le chien, et ne pas se fier à des concepts.
- Un comportement est renforcé par ce qui arrive tout de suite après. Par quoi votre chien est-il récompensé lorsqu’il agit de telle ou telle façon ? S’il continue, c’est qu’il obtient une satisfaction.
- Pour changer le comportement, il faut changer l’environnement. Ne pas penser que tout vient des gènes. Un comportement est une réponse à notre environnement.
Ken Ramirez
Ken Ramirez a une énorme expérience dans l’entraînement d’une multitude d’espèces. Il nous a parlé de différents projets qu’il a mené à bien, complexes et passionnants, comme déplacer des groupes d’animaux « juste » en les motivant à s’installer ailleurs, ou bien entraîner des chiens en urgence pour retrouver un maximum d’œufs de tortues de mer après les ravages d’une marée noire. Des cas concrets qui nous prouvent que la réflexion et la planification constituent le socle de l’efficacité.
Un gros travail a été effectué dans les zoos où on commence à considérer l’entraînement des animaux en captivité comme une partie essentielle de leurs soins. Ces apprentissages améliorent leur qualité de vie. Je trouve fascinant de voir ces animaux imposants offrir une patte, ouvrir la bouche, se laisser manipuler pour permettre à leurs soigneurs d’intervenir. Et dire que l’on force nos chiens à subir nos soins !
Ken Ramirez a fait quatre présentations différentes, se concentrant souvent sur l’humain car le renforcement positif ne fonctionne pas qu’avec les animaux, cela marche aussi avec les gens !
Quelques phrases importantes parmi d’autres :
- C’est le comportement de l’animal qui vous indique si vous utilisez les techniques comme il faut.
- Il est nécessaire de construire une relation avec l’animal pour un entraînement efficace.
- Gardez à l’esprit pourquoi vous enseignez chaque tâche.
- Le renforcement positif contribue à la réussite de beaucoup de choses dans la vie.
À juste raison, il a rappelé qu’on se focalise sur les erreurs et les problèmes et pas sur les choses positives et qu’il faut faire un effort conscient pour utiliser le renforcement positif.
Kathy Sdao
Kathy Sdao a présenté les principales erreurs que l’on commet quand on éduque un chien.
Un mauvais timing ou une mauvaise succession de stimuli vont constituer un obstacle à la réussite du chien. Il peut même y avoir une « contamination » de l’ordre et un renforçateur peut devenir une punition si, par exemple, le chien prend peur juste après avoir reçu une récompense.
On se satisfait aussi trop souvent d’exécution approximatives, on ajoute le mot-clé (ordre) trop rapidement, on ne sait pas vraiment ce qu’on veut apprendre…
Comment se débarrasser des comportements gênants ? En apprenant de nouveaux comportements qui sont désirables ! Récompensez votre chien lorsqu’il a un comportement utile ou intéressant, bref, que vous souhaitez voir se reproduire.
Gardons à l’esprit que notre objectif est de créer de bonnes habitudes chez notre chien !
Renforcez les bons choix de votre chien en les récompensant. Préparez le chien à choisir la bonne réponse en rendant la mauvaise réponse plus difficile (par exemple, travailler la marche au pied le long d’un mur).
Il faut savoir que celui qui apprend a besoin de trois choses principales : une information claire et constante, un feedback immédiat et des répétitions.
Quelques phrases clés :
- Le fait que l’animal puisse garder le contrôle de ses actes est un renforçateur primaire.
- Dépensez plus d’énergie à regarder votre chien qu’à le leurrer, l’inciter à faire quelque chose ou à le manipuler physiquement, car les chiens n’ont pas toujours besoin d’instruction pour bien agir.
- Le chien devrait réagir à votre signal comme on réagit lorsque le feu passe au vert : immédiatement et joyeusement!
Kathy Sdao s’oppose à l’idée communément répandue que l’humain doit toujours être l’initiateur des interactions avec son chien, que nous devons toujours lui demander quelque chose avant d’accéder à ce qu’il désire (par exemple un assis, avant d’ouvrir la porte du jardin). Ce contrôle excessif ne constitue pas le type de relation que l’on souhaite avoir avec son chien.
Un dernier mot sur les ateliers proposés en fin de journée.
J’ai assisté à l’atelier proposé par Chirag Patel, « le parfait patient ». J’aime beaucoup ce concept. Le chien est libre de choisir d’interagir avec nous pour ses soins. On l’habitue peu à peu à la présence d’objets qui peuvent lui faire peur (coupe-griffe, produit pour les oreilles…), à se laisser toucher, à se faire brosser mais on regarde toujours sa réaction, on observe une progression en fonction de son comportement. Il est toujours récompensé quand il interagit avec nous. Et à chaque fois qu’il le souhaite il peut s’éloigner, c’est lui qui décidera de revenir. Si ça marche pour un gorille ou un éléphant, on doit être capable de le faire avec nos chiens !
L’autre atelier auquel j’ai assisté est celui de Grisha Stewart sur « l’empowerment, les soins coopératifs et l’éducation canine du futur ». Il y a toujours l’idée d’un dialogue avec le chien, ce qui demande non seulement d’avoir le sens de l’observation, mais aussi la volonté de montrer au chien que l’on a compris sa demande, même si on n’est pas obligé d’y répondre favorablement. De bonnes perspectives pour une éducation encore plus respectueuse de l’animal!
Après ces quatre jours intenses, le retour à la routine quotidienne fut très dur ! Il y avait une très bonne ambiance (quand on parle d’éducation positive, ça aide !), la complicité des orateurs était très plaisante et l’organisation au top. Le DogEvent est en passe de devenir un événement incontournable ! D’ailleurs DogEvent 2016 est déjà sur les rails !
Bonjours karole !
Quel regret de ne pas avoir assisté à ce congrès, ou les intervenants semblent se compléter et tendre vers une meilleure compréhension du chien, sans s’appuyer sur les poncifs rabâchés dans bon nombre de livres « d’éducation » et de plus en plus battu en brèche par les observations des propriétaires eux mêmes, ( pour ceux qui observent leur(s) chien(s)… ).
Jamais à ce jour, nous n’avons été aussi nombreux à partager nos vie avec des chiens, et à partager nos observations et déductions…
jamais nos modes de vies et les leurs, n’ont aussi radicalement changés que depuis les 50 dernières années…
Il est grand temps de réactualiser nos connaissances, alors merci à toi et à tous ceux qui y participent !
PS: ce congrès à t’ il été enregistré et des copies audio ou vidéo sont elles disponibles à la vente pour les gens ne pouvant y assister ?
Merci Laurent. C’est vrai que bon nombre de croyances ont besoin d’être révisées !
A ma connaissance, il n’y a pas eu d’enregistrement vidéo ni audio. Et c’est dommage pour ceux qui n’ont pas pu s’y rendre !