Beaucoup d’idées fausses circulent sur le chien, sa façon de se comporter ou nos relations avec lui. Six personnes réputées dans le milieu du chien nous livrent ce qu’ils considèrent être les idées fausses les plus communément répandues.
Quelles sont les idées fausses que les gens ont communément sur les chiens?
Patricia McConnell : On a souvent l’impression que nous comprenons tout de travers avec les chiens. Parfois, les gens semblent penser que les chiens sont des humains avec de la fourrure, ce qui n’est pas le cas. Le revers de la médaille c’est qu’il existe des similitudes entre les chiens et les humains, on doit alors faire preuve de compassion et de compréhension face à ce qu’un chien est en train de vivre, mais c’est souvent dans ces moments-là que les gens rejettent les similitudes.
Par exemple, les chiens ont besoin de contacts sociaux et d’approbation sociale, et une grande part de leurs actes est motivée par la peur. Cela est très humain, et je pense que les gens oublient d’étendre ces caractéristiques aux chiens ; à la place, ils attribuent d’autres motivations, comme vouloir être dominant ou essayer de contourner le système. D’autre part, les chiens nous ressemblent parfois moins que ce les gens peuvent penser. Nous utilisons les étreintes pour communiquer l’amour, l’approbation et peut-être un soutien, tandis que les chiens voient souvent cela comme une menace.
Cindy Otto: Que les chiens sont parfaitement heureux de passer leur temps assis sur un canapé. Je pense qu’ils apprennent à s’y adapter, mais atteignent-ils leur plein potentiel ? Et la relation atteint-elle son plein potentiel ? J’aime enseigner des tours car vous pouvez passer cinq minutes par jour avec un chien ou un chat et faire des choses qui font travailler leur cerveau et modifient votre relation. Je pense que c’est une partie fondamentale de la relation, et c’est quelque chose que nous ne donnons pas systématiquement à nos chiens.
Paul McGreevy: Que les chiens veulent faire plaisir à l’homme – presque comme si les chiens étaient conçus pour nous rendre heureux. Paradoxalement, cette séduisante notion sert d’excuse à toutes sortes d’abus quand les gens interprètent les échecs en éducation comme de la désobéissance volontaire. Les chiens veulent s’amuser avec nous, c’est sûr, mais cela ne signifie pas qu’ils prennent plaisir à être les esclaves de nos besoins, manques, désirs et petites manies.
Alexandra Horowitz: Que les chiens comprennent immédiatement ce qui se passe dans le foyer. En d’autres termes, si vous dites quelque chose une fois, il doivent savoir comment se comporter, ce que vous aimeriez qu’ils fassent et comment la journée va se dérouler. Les chiens sont plutôt flexibles et s’adaptent assez bien, mais un grand nombre de ce que nous appelons de mauvais comportements est simplement un manque de compréhension mutuelle : pour nous celle des besoins et des capacités du chien et pour eux ce que nous attendons d’eux. Je trouve cela quelque peu décourageant.
Une autre idée fausse est le concept d’alpha. Pour une raison ou une autre, le concept de hiérarchie dans la meute constituait une idée fascinante qui collait et a été popularisée. Ce n’est pas seulement nuisible et simpliste, c’est faux par analogie.
Ádám Miklósi: Que le chien est un loup et aussi que le chien est un enfant. J’aime à dire que les chiens sont des chiens, et c’est la manière la plus difficile de tenter de concevoir ce qu’est un chien !
John Bradshaw: Que les chiens sont des loups reconstitués. Je rencontre encore des journalistes lors d’interviews qui continuent à croire aux vieux trucs sur la place du chien – que le chien veut vous dominer et prendre le pouvoir chez vous. Ils ont lu ce genre de choses, l’ont accepté et croient que c’est vrai. En fin de compte, c’est mauvais pour les chiens. Quand je parle avec les gens, ils semblent intéressés d’apprendre que l’armée britannique entraîne des chiens, que ce soit des chiens de patrouille ou des chiens renifleurs, avec le jeu comme récompense ; la formation basée sur la punition a été supprimée. Lorsque les gens apprennent que les militaires savent qu’ils peuvent mieux former un chien en jouant qu’en lui mettant des coups, cela les interpelle.
(Extrait de l’article de Julie Hecht paru dans le magazine « The Bark », winter 2013)
Quelle est, d’après vous, l’idée fausse qui vous semble la plus difficile à combattre ?
Patricia McConnell est une spécialiste du comportement du chien et l’auteur de plusieurs ouvrages sur le comportement des chiens et leurs relations avec les humains.
Cindy Otto est directrice de Penn Vet Working Dog Center.
Paul McGreevy est vétérinaire et éthologue, auteur du livre A modern dog’s life: how to do the best for your dog.
Alexandra Horowitz est l’auteur du livre Dans la peau d’un chien.
Ádám Miklósi est un expert du comportement et de la cognition du chien et auteur de Dog Behaviour, Evolution and cognition.
John Bradshaw est un spécialiste des interactions humains-animaux et est l’auteur de plusieurs livres.