Vous vous baladez tranquillement avec votre chien (ou bien vous suivez tant que possible votre chien qui tire comme un malade !) et, sans raison apparente, il s’arrête pour fixer quelque chose au loin. Vous regardez dans la même direction et vous ne voyez rien de spécial (ou bien vous remarquez juste un passant ou deux canards qui s’éloignent sur l’eau). Votre chien reste là à observer vous-ne-savez-quoi-de-spécial, à humer l’air éventuellement, et refuse d’avancer alors que vous devez être rentré dans cinq minutes pour aller au travail.
Vous savez qu’il faut prendre le temps de laisser votre chien renifler car il vit dans un univers beaucoup plus olfactif que le nôtre, mais là, il se contente de regarder. Laissez-lui aussi le temps d’observer autour de lui, c’est aussi important que de renifler.
En effet, le chien qui observe apprend. Il va regarder des gens qui se promènent sur le trottoir en face, au début un peu inquiet, puis ensuite il verra que rien de spécial se passe. Plus tard il n’y fera plus attention car cette situation n’a aucune incidence sur lui. Pour cela il faut qu’il l’apprenne, donc qu’il l’observe. Si on attire constamment l’attention du chien dès qu’une situation inhabituelle surgit, on ne le laisse pas procéder à cet apprentissage.
Un chien, tout comme un humain, supporte très bien un peu de stress. C’est d’ailleurs l’un des facteurs qui facilite l’apprentissage. On le remarque sur les chiens qui voient un objet insolite au milieu du trottoir, sur leur trajet habituel. Ils ont un mouvement de recul, d’évitement. Puis mue par la curiosité, ils vont s’avancer pour observer si ce « truc » est vivant ou pas, s’il est comestible ou pas, et surtout s’il est dangereux ! On les verra avancer puis reculer subitement puis avancer à nouveau. Ils font l’expérience de leur environnement, à leur rythme.
Si votre chien a subitement peur d’une personne qui traîne une valise à roulettes, éloignez-vous un peu pour qu’il sorte de sa peur puis laissez-le observer de loin. S’il cherche toujours à s’éloigner, halète et se montre très stressé, cela ne sert à rien, il n’est pas en état d’apprendre quelque chose. Éloignez-vous. Mais si à un moment il se retourne pour jeter un œil à ce qui lui a fait peur et semble plus à l’aise, arrêtez-vous et laissez-le gérer la situation à distance.
Alors oui, parfois ça nous agace quand notre chien s’arrête subitement pour regarder une personne passer. Il en a vu des centaines et tout s’est toujours bien passé et là, aujourd’hui, il bloque sur celle-ci. Il la regarde comme s’il voyait un extraterrestre. On ne sait pas ce qu’il voit exactement et, franchement, on n’a pas besoin de tout analyser. Le chien fixe cette personne. Et bien on va attendre jusqu’à ce qu’il se détende un peu et parvienne à la quitter du regard. Lorsqu’on voit notre chien se détendre un peu, on peut l’appeler pour qu’il nous rejoigne (ou qu’il avance tout simplement !).
Un exercice simple à pratiquer : lors d’une promenade avec votre chien, asseyez-vous cinq ou dix minutes sur un banc et observez autour de nous. Une fois que votre chien aura reniflé tout autour du banc et ne sera plus surpris de votre attitude qui sort de l’ordinaire, il se posera et observera à son tour autour de lui. Comme vous serez calme, il pourra le faire en toute quiétude. Veillez juste à vous éloigner de tout ce qui le fait beaucoup réagir d’habitude (enfants qui jouent, trottinettes, joggeurs…), afin qu’il puisse observer l’environnement à une distance où il ne se sentira pas « agressé » par ces stimuli qui l’inquiètent.
Le chien a besoin de savoir comment fonctionne le monde autour de lui. Nous sommes pareils ! Dès qu’une situation inhabituelle se profile (une personne qui rode dans votre rue, une voiture accidentée sur le bas-côté, une silhouette difforme au crépuscule…) nous observons. Nous sommes en alerte et avons besoin de savoir si nous courrons un danger (même si notre intégrité physique n’est pas en jeu). Plus nous serons confrontés à des situations similaires, sans qu’il y ait eu une conséquence négative, plus nous intégrerons ces situations à une certaine « normalité » qui ne nous fera plus autant réagir les prochaines fois, voire plus du tout (habituation). C’est la même chose chez votre chien. A savoir que ce n’est pas parce que quelque chose ne nous semble pas insolite qu’elle ne l’est pas pour notre chien. Alors laissez-le regarder le monde autour de lui.