Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi votre chien vous regarde intensément quand quelque chose d’inhabituel se produit ? Ce regard n’est pas anodin. Il cherche des indices chez vous, une sorte de mode d’emploi pour savoir comment réagir.
C’est ça, le référencement social. Et c’est l’un des mécanismes dont on a le moins conscience dans la relation chien-humain.
Le référencement social, qu’est-ce que c’est exactement ?
Imaginez-vous face à une situation nouvelle que vous ne comprenez pas. Vous regardez autour de vous pour voir comment les autres réagissent, pas vrai ? Et bien, votre chien fait exactement la même chose avec vous.
Le référencement social, c’est cette capacité à observer le comportement d’un autre individu pour décoder une situation incertaine. On le connaît bien chez les enfants avec leurs parents, mais chez le chien, c’est tout aussi puissant.
Concrètement : votre chien vous observe pour comprendre comment il devrait se comporter. Un bruit soudain dans la rue ? Il vous jette un coup d’œil. Calme et détendu, vous lui envoyez le message « tout va bien ». Tendu et sur le qui-vive, vous lui soufflez « attention, danger ».
Quand le chien s’inspire-t-il de notre comportement ?
Le référencement social entre en jeu principalement dans les moments d’incertitude. Pas quand votre chien a peur (là, c’est trop tard, l’émotion a déjà pris le dessus) ni quand il est surexcité. Non, je parle de ces instants où il hésite, où il ne sait pas trop quoi penser :
- Cette personne qui s’approche avec un chapeau bizarre
- Ce passage couvert qu’il n’a jamais emprunté
- Ce bruit de perceuse qui vient du voisinage
- Cet objet étrange posé dans le salon (aspirateur, valise, déco de Noël…)
Dans ces moments-là, votre chien vous scanne littéralement. Il analyse votre posture, le ton de votre voix, vos gestes, votre respiration même. Il lit en vous pour chercher le moindre indice.

L’impact de nos émotions sur le comportement du chien
Nos chiens ont ce don incroyable (et parfois gênant, je vous l’accorde) de capter nos états émotionnels. Même ceux qu’on préférerait cacher.
J’ai vu tellement de situations où un humain essayait de rassurer son chien avec des « C’est rien mon chien, t’inquiète pas ! » prononcés d’une voix tremblante, tout en serrant la laisse à s’en blanchir les jointures. Le message verbal dit « tout va bien », mais tout le reste du corps hurle « DANGER ! ».
Devinez lequel des deux messages le chien capte ? Le second, évidemment.
À l’inverse, quand vous restez réellement calme – respiration posée, épaules détendues, démarche fluide – vous envoyez un signal clair : « Je gère, tu peux me faire confiance. »
Comment devenir une référence rassurante pour votre chien
Plutôt que de vouloir tout contrôler ou corriger chez votre chien, vous pouvez simplement devenir son modèle. Voici quelques pistes :
- Montrer l’exemple : manipulez calmement un objet qui inquiète votre chien (parapluie, jouet bruyant…), sans chercher à le forcer à l’approcher.
- Adopter un comportement cohérent : si vous voulez que votre chien reste calme, commencez par respirer lentement et détendre votre corps.
- Laisser votre chien observer : pas besoin de toujours intervenir. Parfois, juste être là, sûr de vous, suffit à l’aider à prendre une décision.
Les pièges dans lesquels on tombe (presque) tous
Le piège n°1 : rassurer avec anxiété. « Mais non, c’est rien ! » répété dix fois d’une voix aiguë en caressant frénétiquement votre chien… vous voyez le problème ? Le message est contradictoire. Mieux vaut parfois se taire et juste respirer calmement.
Le piège n°2 : surjouer. Faire l’acteur avec trop d’emphase (« Ohhhh regarde comme c’est génial cet aspirateur ! ») peut paraître faux et inquiétant pour votre chien. Restez naturel.
Le piège n°3 : croire qu’il ne vous observe pas. Oh que si, il vous observe ! Surtout dans les moments où il hésite. Votre chien est un détecteur d’émotions ambulant.

Deux exemples qui illustrent tout ça
Les sacs sur le trottoir. Qui n’a pas vu son chien se figer devant des sacs ou des objets entassés sur un trottoir. Lorsque je vois mon chien qui observe intensément, je lui propose de traverser et d’aller voir. Je m’approche des objets, les regarde avec intérêt, ce qui l’incite à se rapprocher. Il peut alors explorer et se détendre.
Le voisin intimidant. En s’approchant et en discutant tranquillement avec votre voisin, vous montrez à votre chien qu’il n’y a rien à craindre. Ne forcez pas votre chien à approcher. Discutez à distance au début et laissez du mou à votre chien pour rester en arrière. Au fil du temps, il se détendra.
Ce qu’il faut retenir
Votre chien n’apprend pas seulement par ce que vous tentez consciemment de lui enseigner. Il apprend aussi – et surtout – par ce qu’il voit de vous, de vos réactions, de votre façon d’aborder le monde.
Travailler sur votre propre posture, sur la gestion de vos émotions, sur votre capacité à rester stable dans l’incertitude… c’est déjà éduquer votre chien. C’est même, à mon sens, l’une des bases les plus solides de la relation avec votre chien.
Le référencement social n’est pas une technique magique à appliquer mécaniquement. C’est une invitation à prendre conscience de l’impact de notre présence, de nos actions. Une invitation à devenir, pour notre chien, cette référence rassurante sur laquelle il peut s’appuyer.
Parce qu’au fond, la confiance, ça se construit aussi dans le silence de nos gestes et la cohérence de nos attitudes.
