Y a-t-il de la place pour un chien dans votre vie ?

Lors du DogEvent 2018, Clive Wynne, éthologue et expert en cognition canine, a conclu son intervention sur cette phrase : « demandez-vous si vous avez de la place pour un chien dans votre vie ». J’ai trouvé ça juste et joliment dit. Car, en effet, on le constate souvent : trop de gens adoptent un chien sans véritablement avoir de la place pour lui dans leur vie.

Répondre aux besoins du chien

Le chien a un grand besoin d’exploration.

Outres ses besoins physiologiques de base (boire, se nourrir, éliminer), le chien a besoin de se sentir en sécurité, d’avoir des activités physiques et mentales, des contacts sociaux… bref de se comporter comme un chien, un être vivant, et non comme une peluche ! Pour cela, il lui faut de l’espace, de l’attention, et faire preuve de bienveillance à son égard.

Si ces besoins ne sont pas comblés, le chien manifestera très probablement des comportements qui nous déplaisent (agression, fugue, destruction…). Ce n’est pas le chien qui sera responsable de ces comportements mais bien ses humains qui n’auront pas su répondre à ses besoins spécifiques.

Notre rythme de vie

La vie moderne où chacun travaille de longues heures loin du domicile, avec des enfants à gérer, l’entretien de la maison, les courses, les repas à préparer, sans compter la pratique d’activités diverses qui servent à nous soulager du stress de ces activités quotidiennes ! Nous avons l’impression d’être toujours en train de courir après le temps. Et quand on se pose, épuisés, c’est pour s’affaler sur le canapé et regarder la télévision ou se scotcher sur l’ordinateur ou le smartphone.

Le chien nous demande des efforts supplémentaires : le sortir, avoir une activité avec lui, accepter des interactions, des contacts physiques, prodiguer des soins… s’intéresser à lui. Fatigués, nous perdons rapidement patience et notre animal devient vite une contrainte.

– Mais est-ce vraiment cette vie que nous voulons avoir ? Le chien est-il véritablement une contrainte ou nous permet-il de nous rendre compte à quel point nous ne souhaitons plus continuer à empiler les activités, à courir après un peu plus de temps et d’argent et accumuler des objets qui ne servent qu’à compenser notre stress ? –

Vos attentes sont-elles réalistes ?

Nos attentes

Pour être compatible avec notre emploi du temps, le chien doit être calme, se contenter de sorties dans le jardin, se retenir d’éliminer et de toute activité pendant 10 heures, être gentil avec les enfants, etc.

Nous n’avons plus suffisamment de patience pour le moindre petit « écart » de comportement. Et bien souvent, en voulant le résoudre, on l’aggrave (en mettant plus de contrainte, de contrôle ; en s’attaquant au symptôme plutôt qu’à la cause, on déplace uniquement le problème).

Parfois, on souhaite prendre un chien par nostalgie de notre enfance où Médor partageait notre vie. Souvenir idyllique souvent loin de la réalité. Mettez en perspective la vie de vos parents à cette époque, le milieu où vous viviez et demandez-vous si votre chien pourrait mener la même existence aujourd’hui. Pas sûr.

C’est une mauvaise idée aussi d’adopter un chiot à la naissance d’un enfant « pour qu’ils grandissent ensemble ». S’occuper d’un bébé prend énormément de temps, ne rajoutez pas un chiot dans votre emploi du temps. De toute manière votre enfant sera trop jeune pour en bénéficier véritablement.

Bien réfléchir avant d’accueillir un chien

A certaines périodes de notre vie, nous avons l’impression d’avoir plus de temps à consacrer à un chien. C’est bien souvent un leurre. Je vous conseille d’éviter de prendre un chien aux moments charnières de votre vie : période de chômage, arrêt maladie, congés maternité… car cela ne dure pas toute une vie (de chien). Ne voyez pas à court terme, mais sur une durée de 10 à 15 ans. Serez-vous toujours aussi disponible dans trois ans ? Dans cinq ans ?

Ne sous-estimez pas le temps nécessaire que l’on doit consacrer à un chien. Ne sous-estimez pas non plus les contraintes. Votre chien n’a pas demandé à venir vivre avec vous. Soit vous êtes en mesure de vous occupez de lui correctement, soit vous vous abstenez de le prendre.

Il est trop tard ? Vous avez un chien qui commence à péter les plombs car vous n’avez pas le temps de le sortir, de vous occuper de lui ? Avant d’attendre les dernières extrémités où votre chien n’aura pas d’autres choix que d’adopter un comportement agressif ou de se laisser dépérir, prenez vos responsabilités. Trouvez des solutions pour le bien-être de votre chien, aménagez votre emploi du temps, et si rien ne fonctionne envisagez de lui trouver un nouveau foyer qui saura répondre à ses besoins de chien.

Chacun le sait : on ne peut pas tout avoir dans la vie, il faut faire des choix. C’est aussi aimer les chiens que de se dire qu’on ne peut pas en accueillir un dans notre vie, que ce soit temporairement ou pour toute la durée de notre existence.

crédit photo : Photo on Visual Hunt

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2 réflexions sur “Y a-t-il de la place pour un chien dans votre vie ?”

  1. C’est un sujet très sensible et vraiment important. Il y a tellement d’abandons pour telle ou telle raison. Ou des chiens ou humains malheureux parce que leurs besoins respectifs ne collent pas.
    Merci donc Carole d’avoir abordé ce point.
    Et je soulignerais cette phrase de fin que tu as mise: « C’est aussi aimer les chiens que de se dire qu’on ne peut pas en accueillir un ».
    Bonne journée.

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